Clic, clic, les appareils photo des journalistes des trois journaux régionaux se font entendre en même temps que les applaudissements de nos familles et des amis venus nous voir partir de Narbonne en ce lundi 16 mars 2009.
 
Nous ne savons pas encore que ce seront les premiers clics d'une longue série.
 
Nous sommes contents de partir. Les semaines qui ont précédé notre départ ont été épuisantes. Pas une minute de répit. Il ne faut rien oublier. Il faut en finir avec les nombreux vaccins indispensables dans certains pays, ranger l'appartement, gérer tous les problèmes administratifs. Enfin, faire visiter la région audoise aux parents de Cyrille qui se sont déplacés exprès pour l’occasion, ceux de Rose vivant déjà sur place.
 
Et nous voilà partis. Premiers coups de pédales vers un avenir nouveau, de précieuses rencontres, bref une autre vie qui se prépare.
 
La première étape sera de courte durée. 40 km jusqu’à Béziers, où une jeune institutrice nous accueille.
 
Après Montpellier, nous roulons au beau milieu de la Camargue, une région sauvage dans le delta du Rhône, faite de marais, d'étangs et de ruisseaux. C'est un paradis pour animaux sauvages mais pas forcément pour l'homme puisque, à notre grande surprise, l'eau potable n'est pas encore présente partout. Cyrille va d'ailleurs intriguer des policiers en patrouille, lorsqu'il pompera de l'eau dans une fontaine avec notre purificateur d'eau.
 
C'est la première fois que nous voyons des flamants roses en vol. Par contre, nous nous serions bien passés du ballet des moustiques lorsqu'à la nuit tombée nous monterons la tente au milieu des roseaux.
 
Le vent souffle de plus en plus fort et nous avons beaucoup de mal à avancer. Le fils de 13 ans de la famille qui nous reçoit est un vrai bricoleur de génie ; son père nous dit qu’il fabrique des cabanes, mais après en avoir visité une, nous sommes impressionnés. C’est une véritable maisonnette qu'il a fabriqué pour sa petite sœur. Il a aussi transformé un mini vélo en chopper et, pour couronner le tout, il a installé une mini chaîne Hi-Fi sur un autre vélo et la fait fonctionner avec la dynamo. Pour écouter sa musique, il suffit juste de ne pas s'arrêter de pédaler.
 
Encore une journée et nous atteignons Miramas. Là, Rose retrouve une amie de longue date dont la petite fille de 8 ans nous demande «en combien de temps vous allez faire votre tour du monde en 80 jours ?» De toutes les questions qu'on a pu nous poser sur notre voyage, c'est sans doute la plus difficile.
 
Après les vastes étendues de Camargue, la montagne. Nous nous approchons pas à pas des gorges du Verdon, le climat change du tout au tout. En nous réveillant un matin, nous avons la surprise de voir notre tente toute blanche. Il a gelé durant la nuit !
 
On avance de moins en moins vite. Les côtes se succèdent. Il nous faut une heure pour faire 4 km. Il y a les montées, bien sûr, mais surtout le vent qui s'engouffre avec force dans les gorges. Mais ce qui nous ralentit le plus, c'est sans conteste la beauté du paysage qui nous fait nous arrêter à tout bout de champ pour prendre des photos.
 
Nous n'avons pas réalisé que nous sommes dimanche après midi, et quand nous arrivons à La Palud, tout est déjà fermé. Enfin quand on dit "tout", c’est la boulangerie et l'unique épicerie... Nous n'avons presque plus rien pour les jours à venir... Pendant que Rose s'affaire à laver le linge au lavoir, Cyrille part à la recherche d'une cabine téléphonique. Il revient avec du pain, une barquette de pâtes et une autre de poulet. Il a discuté avec un automobiliste adepte de la petite reine et en vacances dans le coin. Nous aurons de quoi nous nourrir ce soir...
 
Nous nous engageons sur une petite route en boucle le long du Verdon sur laquelle nous trouvons un refuge fermé. Des drapeaux à prières tibétains flottent au vent, nous y ajoutons nos vêtements à sécher. La terrasse couverte abritera notre tente et nous protégera un peu de ce vent qui va souffler en tornade toute la nuit.
 
Lundi, Rose rebrousse chemin pour revenir à La Palud, où elle peut enfin acheter des vivres, pendant que Cyrille poursuit le tour de la boucle en passant par des sommets encore enneigés.
 
Tout cela nous a bien épuisés. Nous décidons d'écourter l'itinéraire initial et nous nous dirigeons directement vers Saint-Raphaël où des amis espérantophones nous attendent pour une semaine de repos.
 
L'eau toute chaude de la douche remplacera l’eau glacée des sources, la machine à laver celle des lavoirs, un bon lit douillet nos matelas auto-gonflants !
 
Nos hôtes ont pris contact avec le journal régional pour une interview. Nous serons également reçus dans une école élémentaire où 69 enfants seront très curieux de connaître nos aventures. La directrice nous a spontanément accueillis. Puis le soir c'est au tour d'un centre de soutien scolaire.
 
Durant notre séjour à Saint-Raphaël, c'était prévu, Cyrille doit se rendre deux jours à Paris pour des questions professionnelles. Il en profitera pour prendre quelques affaires supplémentaires... nous portons déjà environ 30 kg de bagages chacun. Pas de chance, il oubliera sa clé USB. Celle-ci est pourtant absolument indispensable car elle contient toutes nos photos, nos récits, nos contacts et surtout la liste des cartes postales qui nous ont été commandées. À l'heure qu'il est, nous ne pouvons donc plus honorer nos engagements...
 
Sans avoir solutionné le problème nous reprenons aussitôt la route. Nous arrivons fort tard à Nice où nous attend Jean-François, un ami espérantophone, un fana de BD qui a traduit plusieurs volumes d'Astérix. Il nous invite à manger une bruscheta, un plat italien peu connu en France. Seule fausse note, le lendemain nous ratons une interview au journal Nice Matin à cause d'un malentendu sur l'heure du rendez-vous.